CE jour-là, Hoï-To était descendu dans l’Œuf avec le nouveau matériel photographique qu’il venait de recevoir du Japon, en particulier des projecteurs à lumière cohérente au moyen desquels il espérait éclairer la Salle du Moteur à travers la dalle transparente, et la photographier.
En s’arrêtant, le moteur du froid s’était éteint et la Salle au-dessous de la dalle était devenue un bloc d’obscurité. La température avait rapidement monté, la neige et le givre avaient fondu, l’eau avait été aspirée, le mur et le sol séchés à l’air chaud.
Pendant que ses assistants suspendaient les projecteurs à de courts trépieds, Hoï-To, machinalement, regardait autour de lui. La surface du mur lui parut curieuse. Elle n’était pas polie, elle n’était pas mate non plus, mais comme moirée. Il y promena le bout de ses longs doigts sensibles, puis ses ongles. Ils crissèrent.
Il fit braquer un projecteur sur le mur, en lumière rasante, regarda à la loupe, improvisa une sorte de microscope avec un téléobjectif et des lentilles. Il n’eut bientôt plus de doute : la surface du mur était gravée de stries innombrables. Et chacune de ces stries était une ligne d’écriture gonda. Les bobines de lecture de la salle des alvéoles avaient été décomposées par le temps, mais le mur de l’œuf, entièrement imprimé en signes microscopiques, représentait l’équivalent d’une bibliothèque considérable.
Hoï-To prit immédiatement quelques clichés, au grossissement maximum, en différents points du mur éloignés les uns des autres. Une heure plus tard, il les projetait sur le grand écran. Lukos, très excité, identifia des fragments de récit historique et de traités scientifiques, une page de dictionnaire, un poème, un dialogue qui était peut-être une pièce de théâtre ou une discussion philosophique.
Le mur de l’Œuf semblait être une véritable encyclopédie des connaissances de Gondawa.
Un des clichés projetés comportait de nombreux signes isolés, en lesquels Lukos reconnut des symboles mathématiques. Ils entouraient le symbole de l’équation de Zoran.